Cybersécurité / cybercriminalité, Respect de la vie privée, protection des données et rétention, Violence contre les orateurs / impunité
Telegraaf Media Nederland Landelijke Media c. Pays-Bas
Pays-Bas
Affaire résolue Élargit l'expression
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La Cour interaméricaine des droits de l’homme (Cour IDH) a estimé que la Colombie avait violé l’article 13 de la Convention américaine des droits de l’homme (CADH) lorsque des officiers militaires avaient agressé un journaliste qui couvrait une manifestation antigouvernementale. Le tribunal a écrit que l’article 13 englobe à la fois un droit individuel de rechercher et de répandre des informations, y compris leur diffusion massive, et un droit social collectif de recevoir des informations fournies par d’autres. En outre, le tribunal a conclu que l’attaque visait à faire taire le journaliste, ce qui pourrait avoir un effet dissuasif sur d’autres journalistes. Parce que l’État a également omis de protéger et d’enquêter sur les menaces et le harcèlement subis par sa famille, leurs droits à un traitement humain, la protection de leur honneur et de leur dignité, leur droit à la liberté de mouvement et de résidence et le droit à la protection judiciaire, entre autres, ont été violés.
En 1996, Luis Gonzalo Vélez Restrepo, cameraman à la chaîne nationale était en train de couvrir une manifestation contre le gouvernement quand il a subi des agressions physiques de la part de responsables militaires chargés de contrôler la marche et a dû être hospitalisé. Après cet incident, le journaliste et sa famille ont commencé à recevoir des menaces de mort et ont fait l’objet d’harcèlement dont une tentative de kidnapping sur la personne de Vélez Restrepo. Suite au premier incident, une enquête militaire a été conduite en interne et des mesures disciplinaires ont été prises contre des officiers et une enquête militaire criminelle a été initiée mais le dossier a été ensuite égaré. Aucune enquête n’a été correctement conduite à propos du harcèlement et des menaces et aucun coupable n’a été poursuivi.
Vélez Restrepo a porté plainte contre la Colombie auprès de la Cour interaméricaine des droits de l’homme alléguant que l’état a violé les articles 1 (obligation du respect des droits), 4 (droit à la vie), 5 (droit au traitement humain), 8 (droit à un procès équitable), 13 (droit à la liberté de pensée et d’expression), 11 (protection de l’honneur et de la dignité), 17 (droits de la famille), 19 (droits des enfants), 22 ( droit à la liberté du mouvement et de la résidence) et 25 (droit à la protection judiciaire) de la Convention américaine des droits de l’homme.
Concernant le droit à la liberté de la pensée et de l’expression, l’article 13 de la Convention américaine des droits de l’homme, la Cour a réitéré que selon son interprétation ce droit compte deux dimensions, une dimension individuelle et une autre sociale. La première dimension compte le droit de chercher et de diffuser l’information y compris sa diffusion en masse. La dimension sociale porte sur le droit collectif de recevoir l’information fournie par autrui. La Cour a aussi noté que l’exercice de la profession journalistique ne peut être séparé du droit à la liberté d’expression. La Cour a estimé qu’étant donné que Vélez Restrepo a été agressé par des responsables militaires alors qu’il faisait son travail et que l’objectif de l’agression était de l’empêcher de continuer à enregistrer les évènements et de livrer la matière déjà obtenue, l’agression constitue donc une violation de son droit à la liberté d’expression notamment parce que l’information en question est d’intérêt public. La Cour a jugé que l’agression contre Vélez Restrepo aurait un impact négatif sur tout journaliste qui envisagerait de couvrir des situations similaires ce qui constituait encore une fois une violation du droit à la liberté d’expression et au droit de recevoir des informations.
La Cour a noté également que l’exercice du droit à la liberté d’expression nécessite des conditions et des pratiques sociales qui le favorisent. L’absence de protection et d’une enquête appropriée conduite par le gouvernement ont fait que les conditions favorables à l’exercice du droit en question soient inexistantes. C’est au gouvernement que revenait la responsabilité d’assurer ces conditions alors qu’il était au courant des menaces et du harcèlement qui se passait ce qui constitue aussi une violation de la part du gouvernement colombien des articles 5 (traitement humain) et 13 (liberté d’expression) de la Convention américaine des droits de l’homme.
La Cour a indiqué que les états sont dans l’obligation d’adopter des mesures spéciales de prévention et de protection des journalistes qui font face à des risques particuliers à cause de leur profession et c’est à cause de l’état qui n’a pas réussi à protéger la famille et à enquêter correctement sur les menaces et le harcèlement subis que la famille Restrepo a cherché l’asile aux Etats-Unis. Ces manquements de l’état sont une violation du droit de la famille à la liberté du mouvement et de résidence en vertu de l’article 22 de la Convention américaine des droits de l’homme ce qui a conduit à la séparation des membres de la famille pendant une longue période et au traumatisme affectif et psychologique des enfants en violation des droits de la famille et des enfants. Articles 17, 19 de la Convention américaine des droits de l’homme. Se limiter à un procès devant un tribunal militaire sur des violations des droits de l’homme constituait une violation du droit à un procès équitable. Article 8 de la Convention américaine des droits de l’homme. L’absence d’une enquête adéquate sur l’évènement équivaut à une violation de la part de l’état du droit à un procès équitable et à la protection judiciaire. Articles 8, 25 la Convention américaine des droits de l’homme. Finalement, et étant donné qu’aucune menace sérieuse n’a été faite à Vélez Restrepo ni à la vie de sa famille, il n’y a pas eu de violation de l’article 4 de la Convention américaine des droits de l’homme.
La direction de la décision indique si la décision élargit ou réduit l'expression sur la base d'une analyse de l'affaire.
Cette affaire confirme la liberté des journalistes à s’exprimer sans subir de représailles de la part du gouvernement.
La perspective globale montre comment la décision de la Cour a été influencée par les normes d'une ou de plusieurs régions.
L'importance du cas fait référence à l'influence du cas et à la manière dont son importance évolue dans le temps.
La décision est prononcée par la Cour interaméricaine des droits de l’homme dont les jugements lient la Colombie.
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